Julie Delon

Julie Delon

Des mathématiques appliquées à l’image, et une rentrée universitaire mouvementée en temps de Covid

Mathématicienne reconnue internationalement pour ses travaux sur l’image, Julie Delon est depuis toujours passionnée par la transmission des connaissances au sens large. «J’apprends les choses, et ensuite j’ai envie de les expliquer à quelqu’un. C’est ma manière d’apprendre », dit cette petite fille de professeure de mathématiques. Ancienne élève de l’ENS Cachan, elle est aujourd’hui responsable du Master 2 Mathématiques, Modélisation et Apprentissage de l’Université de Paris, et professeure au sein du Master MVA (Mathématiques, Vision, Apprentissage) de l’ENS Paris Saclay. En 2019, elle a co-organisé à l’Institut Henri Poincaré un trimestre thématique dédié aux mathématiques de l’image.

Au fil de cet entretien pour « L’Oreille mathématique », elle évoque les effets de mode dans le monde de la recherche, et notamment de la recherche en mathématiques appliquées, et leurs effets parfois ambivalents.

Dans la chronique « médiation scientifique » d’Adrien Rossille, la chercheuse revient sur l’un des thèmes de sa thèse : les problèmes de papillonnage dans la restauration de films anciens. Par extension, elle aborde les difficultés que présente aujourd’hui la distinction entre « images vraies », et « images fausses ».

Première invitée de cette nouvelle saison, mathématicienne engagée dans son activité d’enseignement, Julie Delon témoigne aussi des questions profondes que soulève pour l’enseignement supérieur cette rentrée universitaire au temps du Covid. Convaincue qu’il faut œuvrer pour que les jeunes filles et les femmes osent davantage se lancer dans des carrières scientifiques, et plus particulièrement en mathématiques, elle aborde plusieurs chantiers de réflexion sur ce thème.

En fin d’émission, la mathématicienne s’appuie sur une citation du physicien hongro-américain et auteur de nouvelles d’anticipation Léo Szilard (1898-1964) pour étayer les dysfonctionnements actuels dans les mécanismes de financement de la recherche, dont les multiples aspects administratifs phagocytent le temps des chercheurs réellement dédié à la recherche.

 

La page personnelle de Julie Delon sur le site de l’Université de Paris.

Pour aller plus loin :

– A propos du trimestre thématique « Les mathématiques de l’Imagerie » de l’Institut Henri Poincaré.

– La dernière conférence SIAM Imaging Science (IS20)

– La citation de Léo Szilard choisie par Julie Delon :

How to retard science?

« You could set up a foundation with an annual endowment of thirty million dollars. Research workers in need of funds could apply for grants, if they could make a convincing case. Have ten committees, each composed of twelve scientists, appointed to pass on these applications. Take the most active scientists out of the laboratory and make them members of these committees. …First of all, the best scientists would be removed from their laboratories and kept busy on committees passing on applications for funds. Secondly the scientific workers in need of funds would concentrate on problems which were considered promising and were pretty certain to lead to publishable results. …By going after the obvious, pretty soon science would dry out. Science would become something like a parlor game. …There would be fashions. Those who followed the fashions would get grants. Those who wouldn’t would not. »

Leó Szilárd, The Mark Gable Foundation, (in The Voice of the Dolphins and Other Stories), 1961.

Generique :

Production : Hélène Delye pour l’Institut Henri Poincaré

Chronique « médiation scientifique » : Adrien Rossille, Institut Henri Poincaré

Direction des programmes et coordination : Marion Liewig, Institut Henri Poincaré

Réalisation et mixage : Centreville Télévision – One More

Musique et habillage sonore : Valentin Marinelli et Clément Barbier, Studio MBC